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La parité n'est pas une douce utopie
La preuve, Isabelle Germain a lancé en septembre 2009 un webmagazine d'information, lesnouvellesnews.fr. Jusque là, rien de bien surprenant me direz-vous. Sauf que la volonté de sa fondatrice et des journalistes qui y collaborent, c'est de parler autant des hommes que des femmes. Et en y abordant tous les sujets. Un "autre genre d'info" peut-on lire sur la page d'accueil. Dans l'édito, Isabelle Germain parle également d'une "extension du domaine de l'info".
Sur le site, des sujets scolarité, emploi, politique, économie, sports, culture... toujours sans entrer dans la facilité et encore moins dans les stéréotypes. Plusieurs sont, par exemple, consacrés aux femmes sportives, souvent absentes des médias, surtout lorsqu'elles évoluent dans les sports collectifs.
Isabelle Germain nous explique le pourquoi de ce site :
Comment en vient-on à créer un site comme les Nouvelles news ?
Quand j'étais présidente de l'Association des femmes journalistes, nous faisions des enquêtes sur la place des femmes dans les médias avec Mediawatch. Nous le faisions depuis 1995 et rien ne bougeait. J'ai donc eu envie de faire un site où les femmes ne seraient pas stéréotypées. Pour le faire, j'ai quitté ma place dans un journal économique. Le plus dur, c'est de faire vivre ce site et trouver des fonds. J'ai du mal à trouver des investisseurs et des subventions.
Comment élaborez-vous la ligne éditoriale du site ?
Tous les matins, on fait une conférence de rédaction. C'est un peu compliqué à cause de notre équipe réduite. Nous sommes deux journalistes, moi et Arnaud Bihel, et une dizaine de pigistes. Ce que nous souhaiterions faire, c'est traiter toute l'actualité avec autant de femmes et d'hommes, en allant chercher des femmes qui sont numéro 2. Mais aujourd'hui, c'est impossible de parler de tout. En fait, pour moi, ce site est un prototype de ce que j'aimerais faire si j'avais des fonds.
Quel est votre regard sur la place des femmes dans les médias ?
Il y a un déni du truc assez flagrant. Les journalistes font les malins tous les 8 mars en critiquant, les politiques, les chefs d'entreprise, mais ils ne font pas leur autocritique. Les enquêtes Mediawatch, qui n'est pas quelque chose d'amateur, ou les rapports du gouvernement ne sont jamais repris dans les journaux. Après, on dit que je suis féministe. Le terme est souvent mal interprété. Pour moi, c'est tout simplement le prolongement de la démocratie.
Au XXIe siècle, il est inquiétant de constater que les femmes sont encore réduites à des stéréotypes de femmes soumises et au foyer. Pour inverser cette tendance et rendre sa visibilité au genre féminin, des solutions existent. « Dans les écoles de journalisme, il faut alerter sur le fait que l'information n'est pas neutre », prévient Pascale Colisson. « On parle trop peu de ce décalage entre ce que montrent les médias et la réalité. » En 2008, la commission menée par Michèle Reiser proposait de créer une mission d'observation et de suivi des stéréotypes féminins afin d'évaluer les progrès dans la presse. Le 13 octobre dernier, un accord a été signé entre les patrons de presse, Nadine Morano et le CSA. Environ 60 médias de la presse écrite, la télé et de la radio se sont engagés à faire intervenir plus de femmes. Mais cela suffira-t-il à rendre aux femmes la place qu'elles méritent vraiment ? La commission rendra son rapport sur le sujet dans un an...