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Les médias, un miroir déformant |
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Les médias, "un miroir déformant"
Peu de femmes citées dans les journaux donc. Mais les stéréotypes sont également pointés du doigt. Victime, femme de, maman... Les images que les médias ont de la gent féminine sont souvent réductrices et parfois peu flatteuses. Et il y existe un véritable décalage entre la réalité et celle présente dans les médias. L'ouvrage Dites-le avec des femmes dévoile les chiffres de ce fossé en confrontant les résultats des études Mediawatch et les chiffres réels dans la société :
Catégories de personnes | % de femmes Mediawatch | Réalité | % d’hommes Mediawatch | Réalité |
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Population totale | 17,25 | 51,34 | 82,75 | 48,66 |
Inactifs tous âges | 42 | 56,6 | 58 | 43,4 |
Taux d’inactifs par sexe | 34,5 | 40 | 10 | 25,4 |
Politiques | 6 | 6 à 33 | 94 | 67 à 94 |
Cadres | 15 | 40 | 85 | 60 |
Retraités | 44 | 61 | 56 | 39 |
Et des clichés sur les femmes, il y en a plein la presse. Comme dans le traditionnel sujet des achats de Noël, dans Le Monde du 8 décembre (page 28). Vers qui la journaliste s'est-elle tournée pour des avis de clients ? Trois femmes, dont deux mamans. Dans le même esprit, toujours dans Le Monde du 8 décembre (page 13), pour illustrer un article sur la grande distribution, quoi de mieux que de photographier une femme (la fameuse ménagère de moins de 50 ans) en train de faire ses courses ? Enfin, dans Libération du 9 décembre, le lecteur découvre un dossier sur le Médiator. En page 4, deux témoignages de victimes. Deux femmes. Propos recueillis et retranscrits pour l'une d'elle : "je repasse dix minutes, je dois récupérer une demi-heure". Les femmes sont donc strictement réduites aux activités domestiques. Ce qui fait dire à Pascale Colisson que "les médias sont un miroir de la société, mais un miroir déformant".
Et que dire des sources citées ? Le plus souvent, des hommes, cadres ou politiques. Pour l'association des femmes journalistes, une simple solution de facilité : "les journalistes ont tendance à appeler régulièrement des experts hommes", explique la présidente de l'association. "Ce sont des raccourcis car l'homme était plus visible." Isabelle Germain, ancienne présidente de l'AFJ et fondatrice du site Les Nouvelles news, reconnaît cependant qu'il n'est pas toujours évident de donner la parole aux femmes. "Avant, je travaillais dans la presse économique et c'était difficile à faire. Les femmes n'ont pas souvent des postes importants et elles s'auto-censurent, tandis que les hommes n'ont aucun doute sur leur légitimité. Les femmes doutent, comme si elles intériorisaient leur infériorité."
Hommes au pouvoir, gare aux sujets masculins !
En plus de ne pas aller vers les femmes, les journalistes et patrons de presse ne cherchent pas forcément à les intéresser, voire à les inclure dans le contenu des journaux. Il ne faut pas s'étonner dès lors que la gent féminine ne lise que très peu la presse quotidienne. "Les patrons de presse sont souvent des hommes", souligne Isabelle Germain. En 2006, seuls 8,8 % étaient des femmes. "Et selon eux, les sujets intéressants sont ceux qui intéressent les hommes. Autrement dit, les sujets sur les femmes ne sont pas intéressants. Il y a clairement une hiérarchisation de l'information."
L'ouvrage Dites-le avec des femmes rapporte une enquête réalisée auprès de 165 Franc-comtoises pour connaître leurs rubriques favorites dans les journaux. Les cinq plus souvent citées sont celles des actualités, des arts et spectacles, de l'enfance et de l'éducation, de la santé et de la psychologie. Les lectrices vont plus naturellement vers ce qui constitue leur quotidien. Mais où est-il représenté dans les médias d'information dits "mixtes" ? La même enquête a été réalisée chez les hommes et cette fois-ci les rubriques les plus consultées sont les actualités, la politique, le monde, le sport et la société. Toutes ces rubriques que l'on trouve plus couramment dans les pages des journaux. Pour Isabelle Germain, le message est clair : "S'il y a peu de femmes dans les médias, c'est parce qu'elles sont moins aux postes importants. Et notre hiérarchie de priorité des sujets est différente de celle des hommes."